Web 2.0 : Votre Existence Rentable ?

Vers l’optimisation de la vie et la rationalisation de l’absurde.

Si comme le dit Sartre, « nous sommes la somme des actes que nous posons« , la multiplication des services sur le Web se proposant d’arbitrer chaque moment de la vie va t-elle contribuer à nous améliorer ou encore nous augmenter (1) ?

Marylin, Andy WarholJe reprends mon commentaire sur l’article d’InternetActu, Le coeur froid du web 2.0, citant le sociologue William Davies.

C’est dans la grande lignée de Google, dont le Leitmotiv est d’organiser l’accès à l’information globale, que se situent l’économie numérique et la future société Internet.

Le terme Web 2.0 est un phénomène marketing éphémère pour tenter de nommer (mal) l’émergence spéculative dans le Web commercial post-2001 d’une pratique visant à transformer en e-services tous les moments de la vie sociale.

Un extrait de la citation de William Davies est frappant de clairvoyance :

Le Web 2.0 s’empare des gains de productivité qu’autorisent les technologies numériques pour les appliquer dans des secteurs de la société jusqu’à présent exempts des critères d’efficacité. (…)

Il oublie alors un aspect crucial des relations humaines, qui est menacé en conséquence : c’est que les moyens par lesquels les gens découvrent, choisissent ou accèdent à quelque chose peuvent très souvent contribuer à sa valeur. Les gens ne sont pas seulement orientés vers les résultat.”

L’illusion du gratuit

Magritte

En monétisant par de la publicité, payée à un moment ou un autre par l’utilisateur, le contenu généré par lui même (UGC), de la même manière qu’on monnaye un contenu TV de micro-trottoir ou un auditeur interrogé à la radio, les nouvelles startups se sont mises à l’oeuvre de notre système d’information sur Internet. On parle de consommer Internet.

Chaque nouveau service vise l’inter-médiation, en organisant quelque chose qui ne l’était pas encore, en se substituant à une pratique sociale existante, toujours avec la promesse de simplifier, d’optimiser, de créer une valeur quelconque pour l’utilisateur, ce en jouant sur ce même clavier qu’est l’utilité, et donc l’intérêt. Prime à la performance, au rendement, mais aussi au divertissement, l’“Internetainment”…

Vanité en peintureAinsi nous parlons de gains de productivité sociaux ou individuels, ce toujours en frôlant la surface glacée de l’absurde. A chaque moment d’une recherche, d’une prise de décision, d’un divertissement, d’une communication emphatique, d’un achat, bref d’un micro-choix de tous les jours, la micro-économie numérique place un capteur, un intermédiaire touchant sa commission sur une hypothétique valeur créée.

Crowds.

Foules. Sagesse des foules, information pour les masses… Je suis plutôt libéral, mais voilà qui dépasse le simple cadre des moyens de croissance et de progrès. Comme toujours face aux problèmes allant au-delà de ce qu’on va faire pour dîner, l’enseignement philosophique nous manque cruellement, notamment les notions de liberté et de bonheur, qu’il faut interroger. Une science du Web comme l’entrevoit Tim Berners-Lee pourrait s’emparer des techno-sciences, de la micro-économie numérique et de son pendant, l’identité numérique, et ainsi rendre plus accessibles les pilules de prise de conscience (choisissez votre couleur).

Chaque jour, ce nouveau grand système d’information nous pose… des foules de questions.

(1) Je détourne bien sûr ce triste terme d’homme augmenté décrivant en général à peu près tout ce que recouvrent les progrès de la Science en applications sur le corps humain et son fonctionnement.

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